PEDAGORE 010

Site pédagogique concernant l'enseignement et l'apprentissage instrumental et musical


 

 
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Atelier danse-musique créatives

Samedi 28 novembre 2009, 9h30-12h30, dans le cadre de la Journée de la musique contemporaine, Fédération des Ecoles genevoises de Musique


Atelier N°6
Musique et danse : atelier destiné à tous les instrumentistes, chanteurs et danseurs de tous niveaux.
Entendre les mouvements, voir les sons. Jouer le mouvement, danser le son. Découvrir, explorer l'interaction entre danse et musique en état de création.
Comment le danseur rencontre le musicien, le musicien le danseur, comment ils peuvent évoluer dans des espaces de jeu communs, toucher au domaine de l'autre, être mis en état de création, acteurs d'un apprentissage en interdisciplinarité. La partition graphique "Treatise" du compositeur Cornelius Cardew servira de prétexte aux improvisations pluridisciplinaires.
Les enfants apportent leur instrument (sauf chanteurs et pianistes)


Atelier N°6
: 8 musiciens et 8 danseurs, tout âge 9h30- 12h30 (Cycles I et II)
Atelier animé par Luc Fuchs, professeur de clarinette au CPM et Manon Hotte, danseuse, chorégraphe et pédagogue. Manon Hotte et Luc Fuchs sont complices de longue date dans l’exploration et le développement de l’interaction entre la danse et la musique créatives entre nos élèves, week-ends ouverts à tous participants.


Intervenants :

Participants :

Sur le "thème"
Comme point d'ancrage de l'atelier, nous avions choisi de partir de la partition "treatise", de Cornelius Cardew, qui représentait un "problème" à résoudre, autant pour nous que pour les participants. Un première interrogation était de trouver comment présenter cette "partition" dans un contexte danse-musique, pour en susciter une exploration ayant sens.
Avec sa partition "treatise", Cardew souhaitait que l'interprète doive intégrer le processus même de la composition, s'investir dans celui-ci. Cette "partition" graphique, pouvant se suffire à elle-même n'a pas de règle de lecture a priori, toute option étant ouverte…Aussi quel peut en être la portée en interdisciplinarité, comment danseurs et musiciens peuvent s'en emparer dans un espace partagé, qui plus est en situation de découverte interdisciplinaire, de création, et dans un temps limité.
Aussi, nous avons pris l'option de présenter ces "partitions" comme un grimoire, le "Grimoire du professeur Cornelius", contenant formules magiques et mystérieuses à décrypter, à essayer…

Sur l'atelier lui-même
La plupart des participants n'auront pas ou que peu expérimenté l'improvisation, la création, l'interdisciplinarité. Aussi, Le temps de limité de l'atelier (3 heures) permettra une "première approche", l'amorce d'une démarche, l'abord d'un chemin possible.
Il n'y a pas d'idée de "présentation" d'un "produit", mais la dernière demi-heure sera ouverte au public, visiteur du laboratoire d'un jour. L'important ne sera pas tellement le "produit" d'arrivée que le chemin parcouru par chacun ce matin.

  La "tension" produit-chemin est un objet à interroger de manière permanente. Dès qu'il y a "présentation", notamment pour les parents, les élèves l'associent à une notion de "spectacle". Ce qui prolonge une certaine tradition d'enseignement, plus centrée sur le "produit" que sur l' "apprentissage". A nous d'être suffisamment clairs dans la présentation de ce que nous proposons, tant par rapport aux élèves que par rapport aux parents ou autre public potentiel.

 

Dans le déroulement de l'atelier

Mise en activité

A l'instar de ce que nous pratiquons dans nos ateliers inter-disciplinaires, nous commençons par une mise en train au travers de laquelle chacun touchera les différentes disciplines en jeu.

 

Présentation de "Monsieur Cornelius"
Description du grimoire à partir des partitions mystères (mots)

 

Si les premières "mises en mots" prennent un peu de temps, les propositions sont ensuite nombreuses et riches, et fournissent de quoi alimenter le travail de réalisation. Ceci est aussi un "échauffement", une mise en disposition pour trouver et exprimer des idées, entrer dans l'expérimentation.

Mise en action d'une partition-mystère

Une première expérimentation en grands groupes (ici, danseurs puis instrumentistes) a pour but de vivre une première pratique du thème dans sa discipline avant d'entrer en travail par petits groupes, d'expérimenter les consignes de base à partir desquelles se développera la réalisation interdisciplinaire.

Réalisations en 3 groupes

3 groupes dans-musique sont réalisés par tirage au sort (distribution de cartes numérotées)
Chaque groupe tire au sort une partition-mystère, dont il doit proposer une réalisation.
Les groupes sont répartis dans 2 salles
A disposition : environ 25 minutes, avant de se présenter les projets en l'état. Dans un premier temps, nous laissons les groupes seuls pour qu'ils discutent entre eux et expérimentent leurs premières propositions.
Dans 2 groupes, un étudiant de la HEM est également participant.

  Le fait de laisser les groupes seuls favorise les échanges à l'intérieur de ceux-ci. Cela demande que la consigne soit bien comprise, ce que nous nous assurons au début de ce processus. Cela nous permet ensuite de les aider à réaliser leur proposition, selon les besoins, à les interroger pour faire évoluer leur projet. Ils ont une responsabilité de l'action, de la construction d'un projet.
Dans les 2 groupes dont un participant était un étudiant, la dynamique était un peu différente du fait de la participation d'un "adulte", qui, tout en jouant le jeu de faire participer les élèves, était un "moteur référence"; aussi, nous leur avons demandé de sortir des groupes un moment, ce qui mettait les élèves en situation de se concerter "entre pairs", donnant une autre dynamique au groupe.

Une fois la réalisation démarrée, nous avons passé dans les différents groupes pour les accompagner dans leur travail, en les questionnant sur leurs idées pour les aider à trouver des solutions une "structuration" de leur pièce. Permettre aux élèves de construire leur projet, et non construire pour eux un projet.

Présentation des projets en l'état

Ce moment correspond aussi à celui où nous ouvrons les portes aux parents et autres personnes intéressées par une "visite" de l'atelier. Aussi nous donnons quelques indications sur l'atelier, et sur la situation de ces présentations à venir, qui sont un jalon sur un chemin, une première approche dans perspective nouvelle.

Les trois présentations ont montré qu'il y avait déjà un début de construction en cohérence, qu'une étape avait bien été franchie, qui peut valoir comme expérience en elle-même dans le cheminement des élèves, ou comme une "mise en appétit" pour une démarche à venir.

Chacune des propositions a été jouée deux fois, permettant à chacun, acteur ou spectateur, d'en apprécier la tenue.

Ces présentations ont été filmées, gardant ainsi une trace de cette aventure d'une matinée.

Dans une des 2 groupes "avec étudiant", celui-ci n'a pas joué instrumentalement avec le groupe lors de la présentation; il nous a dit qu'en retournant voir le groupe après être sorti quelques instants, tout s'était mis en place, qu'il pouvait y retrouver des éléments qu'ils avaient discutés auparavant ensemble, et qu'il y avait une cohérence ne nécessitant pas d'apport instrumental supplémentaire.

Bilan

Le premier bilan de cet atelier est positif, les élèves s'étant pris au jeu de l'aventure, et engagés dans une construction, investis dans une réalisation qu'ils ont pu faire partager de par les présentations. S'il n'y a pas eu le temps de faire un retour avec les élèves, en observant leur attitude au long de la matinée, nous pouvons attester de leur intérêt, de leur engagement, de leur progressions dans le processus entre découverte d'un certain inconnu, leur étonnement aussi, et leur prise en charge, leur prise à leur compte de l'aventure. Ils se sont réellement aventurés, ont osé l'aventure, moment privilégié de cette matinée.

Nous ne pouvions pas avoir beaucoup d'autres ambitions que celle-ci, même si nous aurions préféré pouvoir aller plus loin dans la démarche de création et d'interdisciplinarité. Cela a été aussi une aventure qui nous fait avancer dans le cheminement de l'exploration pédagogique. Chaque expérience de ce type représente pour nous un nouveau défi à relever, chaque situation présentant une circonstance particulière, avec en "environnement" à recréer et à "habiter", des élèves à stimuler dans une démarche particulière, à "mettre en chemin".
En plus de ce qui a pu se passer avec les participants élèves, la rencontre avec les étudiants a présenté un intérêt particulier, ouvrant sur d'autres perspectives, dans le domaine de la formation. Les étudiants présents se sont montrés disponibles et intéressés vis à vis de la découverte d'approches innovantes dans l'éducation musicale et chorégraphique. Les échanges que nous avons pu avoir avec eux immédiatement après l'atelier ont démontré le besoin de développer ces dimensions pédagogiques dans la formation initiale des enseignants en musique et danse.

Un enseignement de cet atelier, ici, est dans l'intérêt de lier enseignement et formation; lors de la première partie, deux enseignantes de danse classique intéressées par une démarche "différente" se sont aussi intégrées aux participants.

En conclusion, tout ayant pu apporter une expérience enrichissante aux participants, cet atelier ouvre aussi différentes perspectives, que se soit au niveau de l'apprentissage et de l'exploration artistique qu'au niveau de la formation et de l'exploration pédagogique. Ce qui est du reste le propre de l'action pédagogique, d'être continuellement en questionnement et en recherche, en état de "création" et d'évolution pédagogique.

 

 pour Manon Hotte et Luc Fuchs
Luc Fuchs, décembre 2009