PEDAGORE   actualisation 09

Site pédagogique concernant l'enseignement instrumental et artistique

Sur l'écoute...

Si les murs ont des oreilles...

...les oreilles n'ont pas de murs...

Aller chercher le son avec les oreilles...

Rendre l'oreille "active" pour aller chercher le son, pour l'anticiper, et ainsi guider l'instrument .

L'oreille, moteur de l'enseignement

Un chapitre référence sur le sujet, à lire dans l'ouvrage de Claude-Henry Joubert

Métier: Musique!
Quel enseignement musical pour demain ?
Tome 2: La formation du musicien professionnel

Institut de pédagogie musicale et chorégraphique la Villette, Paris 1988

Quelques extraits, dans la limite du sens que cela peut avoir hors de l'ensemble de l'ouvrage:
"…
L’oreille moteur de l’enseignement
Il existe aujourd’hui un consensus établissant que l’oreille est le moteur, l’organe décideur, le champion de l’enseignement musical. Nous souscrivons tous à une telle affirmation, écrite, déclarée, jurée, si évidente dans les conversations, les colloques, les réunions, que nous nous déclarons volontiers chevaliers de ces tables rondes, paladins de cette lampe, de ce phare, de cette oreille qui trône au centre de nos discussions, de nos déclarations, de nos interventions, de nos certitudes, de notre « profession ».
C’est un vaste champ de préoccupations pour le pédagogue! indique, par exemple, Alain Louvier, il faut aussi envisager la réception, former l’oreille. Il s’agit plus de conscience que d’un phénomène physique.
Mais cette conception de l’oreille moteur de l’enseignement demeure parfois intention pieuse et déclarée sans passer véritablement de l’expression à l’action:
N’a-t-on jamais remarqué à quel point l’apprentissage de la lecture restait encore dominant dans les premières années des études musicales ? C’est alors l'œil qui précède l’oreille, l’image qui précède le son, le concept qui précède la perception et c’est souvent l'œil, l’image, le concept qui, au bout du compte, remplacent l’oreille, le son, la perception.
(…)
La formation du musicien (quel qu’il soit, amateur ou professionnel) doit être, en premier lieu la formation de son oreille. L’oreille doit être le seul donneur d’ordre auquel obéit le musicien même si la musique est le lieu de rencontre de bien des éléments autres qu’auditifs.
Former l’oreille c’est remplacer le verbe entendre par le verbe écouter, c’est développer l’oreille « extérieure », mettre l’élève à l’écoute du monde, lui donner une arme pour résister contre les agressions, les contraintes sonores, lui permettre de choisir et non plus de supporter, lui donner les moyens d’une préhension du monde, les bagages nécessaires à la découverte et à l’exploration.
Former l’oreille c’est aussi inventer l’oreille imaginaire, intérieure qui est un chemin (le chemin !) vers la profondeur, vers l’intérieur de soi-même, vers cet espace intérieur aussi vaste que l’espace extérieur et qui le reflète totalement pour celui qui, comme le narrateur dans La Recherche, a compris que la musique pouvait ouvrir toutes les galeries où dorment ces gisements précieux qui demeurent pour certains ignorés ou pour d’autres comme Swann seulement entrevus.
…"

Former l'oreille ?

La connaissance des différentes acceptions du mot formation permettent de lui donner ici un sens constructif de développement de l'écoute.

Former étant également donner une forme, on peut s'interroger sur la forme qui peut être donnée à l'oreille, à la mouler selon des conceptions précises, en déterminant ce qui entre dans cette forme et ce qui en reste à l'extérieur. Former à quoi, à quels sons, à quelle musique? Pour d'autres réalités sonores cela peut impliquer qu'il faut la reformer; on peut aussi supposer que l'oreille soit déformée, par rapport à des critères arrêtés…

Plutôt que "former" l'oreille, je propose "ouvrir" l'oreille; ouvrir à la perception, à la curiosité, à l'inattendu…
Par analogie, substituons le mot ouverture au mot formation; ainsi la formation continue deviendrait l'ouverture continue…